Rapport de convention: Octogones 8

Alors ce week end c'était Octogones, la grande messe lyonnaise du jeu et de l'imaginaire. Avec forcément une bonne part réservé au jeu de rôle. Votre serviteur y était et ce fut intense et épique. magnéto serge.

Vendredi arrivée bien speed.

Déjà ça commençait bien avec une bonne crève qui a éteint ma voie avant même d'attaquer. Je retrouve (péniblement) mon hôtel où je partage avec l'ami Zediac. Petit aparté pour signaler cet individu qui est fort sympathique. Si vous avez l'occasion de jouer à l'une de ces tables vous ne le regretterez pas, c'est un être généreux et ouvert même si c'est un tradi! Bref, direction la convention dans l'espace Double Mixte au sein de l'Université de La Doua. Si vous ne connaissez pas c'est un immense bâtiment sur deux étages qui permet de contenir 2 évènements à la fois. Cette fois ci seule Octogones était dans la place et c'est tant mieux! 

Histoire de se mettre en jambe j'ai opté pour une partie test de Monster of The Week. Pour ceux qui ne connaissent pas c'est un jeu propulsé par l'Apocalypse sur le thème des chasseurs de monstres à la Supernatural/Buffy/Fringe/X-Files. Comme tout bon jeu PBTA, on choisit des archétypes qui auront des liens entre eux pour créer une équipe cohérente avec une dynamique collective. C'est ainsi que mon perso de geek roliste expert du Darknet s'est retrouvé avec une équipe de bras cassés dont sa cousine, son ami d'enfance ou son idole dans la chasse surnaturelle. Comme on dit au Québec "on a eu ben du fun" dans le parc de Yellowstone et je recommande chaudement ce jeu. En prime il sort en VF non pas chez 500 nuances de geek ou un traducteur indépendant (comme pour The Sprawl) mais chez Raise Dead avec le concours du studio Deadcrows! Preuve qu'enfin les éditeurs "mainstream"  s'intéressent aux jeux de la scène indépendante. Tendance confirmée avec la sortie d'Into The ODD chez les 12 singes ou de Lamentations of the flame Princess chez le mastodonte Black Book. La souscription pour Monster of the Week arrive fin octobre. On va suivre ça de près.

Sur les chapeaux de roues

A peine le temps de prendre une bière, de manger et de discuter quelques minutes avec les collègues je repars pour une table, avec la casquette de MJ cette fois ci.

Et là on est rentré dans le dur avec une partie de ONE%. On ne revient pas sur la/les polémiques mais j'avais envie d'aller dans le dur avec une thématique assez forte. Hélas je ne pourrais pas vous raconter le contenu vu que certains éléments sont clairement moralement indéfendables. Néanmoins je peux dire que ça s'est très bien passé vis à vis de ce que recherchais, ce fut même moins hardcore qu'attendu, avec des scènes de fusillade épique, de courses poursuite en moto et de choix moraux parfois difficile. Je reste dubitatif vis à vis de certains aspects du jeu, entre autre le côté "édulcoré" de l'univers des bikers 1% alors que c'est pas rose du tout. Idem sur le système qui marche très bien pour les scènes d'action mais où les règles de combat sont un poil indigeste. Le camarade Zediac a brillé dans son rôle de beau gosse sans morale mais fidèle au MC. Un regret pour la seule joueuse, Hélène, dont le personnage a très vite fini HS et a été spectatrice durant une bonne partie de l'histoire.

Samedi la grosse journée.

C'est dingue! Alors que j'étais totalement crevé, je n'ai quasiment pas dormi de la nuit. Trop de réflexions qui se sont bousculé et qui m'ont empêché de trouver le repos. Autant dire que ce fut difficile d'arriver au bout. Puisque je suis levé tôt j'en profite pour faire le tour des (po)potes. Super moment café avec Volsung (2D6+COOL c'est top!) et Julien des Voix d'Altaride. Ce dernier était d'ailleurs présent sur le stand Courants alternatifs  pour présenter son jeu, De Mauvais Rêves. Un jeu écrit à l'origine lors d'un Game Chef, on en reparle très bientôt. Pour ceux qui ne connaissent pas Courants Alternatifs c'est le digne successeur des Ateliers imaginaires, un regroupement d'auteurs indépendants cherchant à proposer des jeux différents. On pense à Happy Together de Gaël Sacré ou le travail de Frédéric Sintès. Dans les nouveautés on notera La vie de l'Absent, un jeu sur le deuil. Oui c'est comme ça les jeux indés!

Pas beaucoup d'éditeurs "mainstream" d'ailleurs dans la place. Point de Sans Détours, d'Arkham ou de 7e cercle/AKA games mais les 12 singes et Black Book en bonne position (JDR édition était bien là mais un poil isolé). A propos de BBE c'était un peu la fête pour les locaux de l'étape avec un coin bien positionné pour faire la promo de leurs jeux. Mais ils ont axé leur communication autour de l'initiation et on a surtout vu des tables de jeu ouvertes à tous. Bien vu de la part du gang des rouquins. En prime il y avait un stand pour Game On, leur nouvelle plateforme de financement participatif ouvert à l'international. Maquette sobre avec vernis sélectif, stand hyper épuré, j'avais l'impression d'être au travail. Avec une Laura en biclassée geekette/project manager je me dis que les corpos à la Shadowrun ne sont pas loin! 

Octogones c'est l'occasion de voir les copains aussi: Acritarche le grand MC belge amateur de Dungeon World, l'infatigable Kerlaft qui continu d'animer ses stands avec son costume de mage fou ou encore Gabriel Thomas qui va (enfin!!!) sortir Aegyptus chez Orygins. Sur le même stand j'ai revu l'ami Pierre Beker dont le travail sur ONE% a inspiré un nouveau projet: Cosa Nostra. En allant manger un sandwich je suis tombé sur Fabien Fernandez qui vient de sortir D-Start, une boite pour permettre aux plus jeunes de se lancer tout de suite sur des parties de 1h00-1h30. Si vous ne savez pas quoi offrir à Noël...

Vers l'infini et au-delà!

L'après-midi j'ai entamé ma partie de Coriolis RPG. Pour les retardataires, Coriolis c'est un jeu de SF arabisante où les humains se disputent des planètes le tout dans une ambiance orientaliste et mystique (dieux "Icones", Monstres ésotériques, ruines "aliens", etc.). L'équipage du Myrath mené par Amirah Al Qasar, chef du groupe de judicateurs aux ordres du Consortium, a pu mener à bien leur chasse à l'homme en retrouvant un marchand aussi malhonnête que retors. Pour tout dire la partie fut une vraie épreuve avec ma voix éteinte et ma gorge desséchée. Néanmoins la partie fut décente et je pense qu'on s'est plutôt amusés. Le système de jeu a mieux marché (avec des bonnes tensions sur les jets de dés) que je le pensais et mon scénario en mode bac à sable ne s'est pas écroulé au premier choix inattendu d'un joueur. Ouf! Dommage qu'Aka Games n'ait pas été présent pour parler de la future VF.

Pas de jeu en soirée car j'ai rejoint quelques casusiens pour un diner chic dans une brasserie lyonnaise. Moment sympa, discussion riche et pas mal de vannes même si la Bitchteam était en petite forme cette année! Ensuite retour sur la convention et discussion avec les rares personnes qui restaient sur place avant d'aller dormir.

Le repos des braves

Le dimanche pas de partie faute de temps mais pas mal de discussions avec les uns ou les autres. D'abord un petit coucou aux lapins marteaux, Jérôme et Coralie toujours disponibles et intéressant.e.s. On notera que la convention fut l'occasion de parler de leur dernière sortie "joueur des parties de jeu de rôles", pendant joueur.euse au premier tome de la collection "Sortir de l'Auberge". Les deux compères ont aussi participé à l'élaboration d'une charte de bonne conduite pour la convention, charte qui a trainé un peu partout dans le bâtiment. Une initiative à généraliser!
En parlant de sortie récente il y a une grosse surprise à Octogones avec le numéro 15 de Di6dent! Oui, le magazine n'est pas mort! Il faut rappeler que le 14 était sorti à l'occasion d'Octogones 2016! Les discussions avec Julien furent très intéressantes et je peux même spoiler le prochain thème: les jdr récupérant des idées ailleurs comme le jeu de société, le jeu vidéo, etc.

Avant de partir l'ami Julien m'a rattrapé pour témoigner à son micro! Le résultat n'est pas trop mal quand on sait que ma voix était au plus mal et qu'il m'a pris totalement au dépourvu! Voici mon Interview (avec d'autres) sur les Voix d'Altaride !

Dur retour

Octogones c'est bien mais c'est toujours trop court et crevant. Mais je retiens deux thématiques de ce week-end. Tout d'abord jouer des scènes dures (comme vécu à ONE%) ce n'est pas simple. Pas pour la difficulté à gérer l'émotion mais justement par le fait que le recul lié à la pratique du jdr permet de jouer des moments réellement affreux tout en le rationalisant. C'est juste dans notre tête après tout. Mais quelle est la finalité? Même si on ne joue pas ces scènes pour assouvir des désirs pervers, est-ce réellement justifié? Vaste débat.

Sinon un point qui m'a marqué: l'inclusion des jeux indies et de leurs mécaniques dans les jeux dit "mainstream". Des éditeurs connus traduisent des jeux indés (Monter of the Week, Into The ODD), des auteurs viennent voir ce qui se fait du côté des courants alternatifs, on joue à des jeux classiques incluant de la narration partagée, tout le monde va bien. Contrairement à ce que les débats enflammés sur internet peuvent laisser croire, les idées sont bien poreuses d'une pratique à l'autre et tout le monde s'y retrouve. Est-il besoin de rappeler une fois encore sur ce point-là que "Doc Dandy was right" avec ceux qui aiment le jdr dans toute sa diversité et qui se foutent un peu des guerres de clochers.

Les Bémols: Oui il y a des choses à redire pour savoir ce que c'est vraiment Octogones et y aller en connaissance de cause. Le monde! Comme toujours Octogones c'est plein et il y a beaucoup de bruits. Quand tu erres dans les allées ça passe mais aux tables de jeux c'est infernal. Quand en plus tu as perdu ta voix c'est l'enfer. Et poser une ambiance esthétique ou du roleplay raffiné, on peut oublier. En prime la buvette est assaillie aux heures de repas et c'est long pour se faire servir (malgré la bonne volonté des bénévoles). Les toilettes, déjà pas bien loties d'ordinaire, ont été victimes de sabotage de la part de petits plaisantins. Evidemment des toilettes bouchés et avec l'obligation de monter deux étages pour se soulager n'ont pas amélioré l'ambiance. 

Mais Octogones reste pour moi LE rendez-vous indispensable pour le milieu roliste et le jeu en général. C'est familial dans l'esprit, ouvert non-stop et un formidable carrefour de rencontre de toute sorte. Vivement l'année prochaine!

ENJOY!