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Les bons remèdes du Docteur Dandy.

Désiré et le trésor de l'alchimiste 5-7

Publié le 26 Février 2016 par Dr Dandy in Désiré, littérature, steampunk, nouvelle

Désiré et le trésor de l'alchimiste 5-7

Chapitre 5: La fille de l’air.

Vous avez manqué le début? C'est par ici.

Musique: un peu d'action avec Steampunk dogfight.


Tout était prêt. Le vieux mécanicien achevait de charger le charbon dans la chaudière permettant la propulsion du ballon tandis que les jeunes gens installaient les affaires confiées par Lucienne.

-Voilà, dit-il en chargeant une dernière pelletée. Ça devrait suffire. On va pouvoir décoller.

Il s'installa aux commandes pour vérifier le niveau de pression et température sur manomètres et autres thermomètres.

- Accrochez-vous on décolle !

Émilien fixa le pilote du regard, semblant attendre quelque chose.

- Quoi ?
- Vous ne mettez pas...
- Mettre quoi ?
- Eh bien vous savez, les lunettes de pilote
s. J'ai toujours cru que...

Désiré désigna la vitre du cockpit.
- Pourquoi aurait je besoin de ces foutues lunettes alors que j'ai une grande baie qui me protège ? Tu regardes trop les illustrés à sensation, mon garçon. Va te reposer avec ta fiancée et te tenir au chaud, le voyage va être long et j'aurais besoin de toi pour valider notre destination.
Furieuse, Fiona s'avança et se planta derrière Désiré en repoussant Émilien derrière elle.


- Sachez, Monsieur Augié, qu'Émilien n'est pas mon fiancé et que je n’entretiens aucune relation de quelque nature que ce soit avec lui. Il est l'étudiant de mon père, rien d'autre.

Désiré la fixa avec des yeux bovins.


- Oh pas la peine de monter sur vos grands chevaux ma petite. Vous n'avez pas à vous justifier auprès de moi. Mais je suis bien assez vieux pour voir que son allure guindée n'est pas pour vous déplaire. Et puis ce n'est pas en hurlant ainsi qu'il trouvera le courage de se déclarer. Vous pouvez me croire...
Fiona tapa du pied avant de s’éloigner, bouillonnante de rage.
- Oooooooh! Vous n'êtes qu'un goujat. Elle se retourna et s'en fut dans le fond de la cabine, près de la chaudière en croisant les bras et trépignant des pieds.

Désiré ricanait tandis que le jeune homme n'avait pas bougé d'un pouce, silencieux et interdit devant la scène qu'il venait de voir.
-Eh, eh! Elle me plaît bien cette petite, elle a du caractère. On dirait ma Léontine en plus jeune, et en plus maigrichonne aussi. C'est que ma tendre épouse avait de belles hanches bien larges où il fait bon y poser ses mains. Si tu vois ce que j'veux dire. Ma venus callipyge que j'l'appelais !
- Monsieur Augié.
- Oui mon garçon...
- Lucienne nous a dit que vous étiez un héros de guerre, que vous aviez s
auvé de nombreuses vies.
La figure joviale du pilote se rembrunit.


- Ne croît pas tout ce qu'on te raconte mon cher. Cette chipie de Lucienne à tendance à exagérer les faits.
- Tout de même, pilote dans l'aéronavale, c'est prestigieux.
- Écoute-moi bien ! Il n'y a absolument rien de prestigieux ou d'héroïque dans la guerre. Les héros qu'on couvre de médailles ne sont rien d'autre que des petits malins qui ont su éviter les balles et les coups de sabre. La gloire du soldat se forge dans le sang et les tripes de ceux tombés sur le champ de bataille. Ce que j'ai fait là-bas n'était que pour obéir à des imbéciles bouffis d'orgueil et j'ai tué des pauvres gars uniquement parce qu'ils étaient dans le camp d’en face.
- Euh oui, mais c'est le lot de tous les soldats, la guerre nécessite des sacrifices. Il fallait bien défendre notre patrie.
- Eh bien, c'est des foutaises ! Un homme est bien mieux à faire un travail honnête pour nourrir sa famille qu'à étriper son prochain loin de chez lui. Ça suffit, vas rejoindre la petite, on en a pour un moment et je vais avo
ir besoin de café chaud.


Émilien s'éloigna sans répondre et laissa Désiré à son humeur massacrante.
Les heures s'enchaînaient inlassablement. Désiré restait aux commandes sans ciller. Fiona servait régulièrement du café et comblait le temps comme elle pouvait en contemplant le paysage. Émilien remplissait la chaudière de charbon, refusant que sa jeune amie ne participe à cette tâche ingrate indigne d'une demoiselle bien née. Il aidait aussi le pilote à se repérer et à évaluer la position exacte du château.
Après près de 24 heures de vol, les paysages champêtres de l'Aveyron se profilaient à l'horizon.
Fiona se penchait sur le bord d'une fenêtre regardant la route qu'ils suivaient de haut à travers les montagnes pour éviter de perdre tout repère visuel.

- Monsieur Augié! Ce sont eux ! En bas!
- Hein quoi ? Qui ça ? Où ?
- L’automotive des ravisseurs de mon père. Sur la
route.
- Voyons cela...


Le Zeppelin fit une embardée sur la gauche pour se positionner sur la route. Une automotive noire avec une capote sur toute sa longueur y croisait une charrette de bois tirée par deux chevaux peu habitués au tapage des machines à vapeur. Émilien se pencha à son tour.


- On ne voit personne à l'intérieur. Comment savoir que ce sont eux ?
- C'est une Serpollet Double Phaéton Type A de 1902. Père m'a emmené au salon de l'automobile l'an dernier. C'est un modèle rare et j'ai pu la distinguer quand ils emmenaient mon père. Vous savez que ce modèle peut atteindre les 65 kilomètres à l'heure ?
- Pas sur une route comme celle-ci. Gamin, attrape le grappin et fixe la corde solidement. Dès que je serai au-dessus, tu le lanceras pour accrocher leur capote. On va leur offrir une balade
à travers champs.
Le jeune homme s'exécuta tandis que Désiré ajusta sa vitesse sur celle de l'automobile. Mais au moment de lancer le grappin, Émilien resta figé.


-Et bien? J’vais pas pouvoir les suivre indéfiniment.
- Je... Euh ne suis pas certain d'y
arriver.
Fiona lui arracha la corde des mains et le repoussa en arrière.
- Donnez-moi ça empoté ! Monsieur Augié, un peu plus à droite, gauche... Encore un peu. C'est bon! Ils sont accrochés. La corde se tendit lorsque le grappin s’accrocha à la capote.
- C'est parti ! Accrochez-vous, ça va secouer !


Le zeppelin fit une embardée brusque sur tribord. L’automotive suivit le mouvement malgré la résistance du chauffeur. Mais la manœuvre ne suffit pas à lui faire quitter la route.
- Corne de bouc ! Ils sont plus lourds que nous. Je vais zigzaguer pour les faire basculer.


Désiré reparti à bâbord puis à nouveau dans l'autre sens. Emporté par la force, le véhicule pencha et les roues de gauche quittèrent le sol avant de retomber sous le poids du moteur d'acier et de cuivre. Le chauffeur tentait de compenser le plus possible pour éviter une sortie de route, mais ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne quitte la chaussée.
Alors que Désiré réitérait l'opération, une main gantée de noir portant un petit pistolet par une fenêtre. Des coups de feu retentirent.
- Foutrebleu! Ils nous canardent !? Le ballon est chargé d'hydrogène, il faut décrocher. Fiona, Émilien! Coupez la corde.

Fiona saisit un couteau et trancha la corde avant de fermer la porte. Mais un étrange bruit attira son attention.

- Monsieur Augié, Il y a un bruit au-dessus de nous.
- Quoi comme bruit ? Attends ! Ça fait "pffff"?
- Oui, quelque chose comme cela.
- Oh bon sang ! Les enfants, on décroche, le ballon
est en train de fuir...

La suite demain, même endroit, même heure!

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