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Les bons remèdes du Docteur Dandy.

Désiré et le trésor de l'alchimiste 4-7

Publié le 25 Février 2016 par Dr Dandy in Désiré, nouvelle, steampunk, littérature

Désiré et le trésor de l'alchimiste 4-7

Chapitre 4: Vol de nuit.

Vous avez manqué le début? C'est par ici.

Du son à toute vapeur pour vous emmener chez les prolos: Steampowered Giraffe.


Les trois compagnons arrivèrent en pleine nuit devant un hangar aux abords de l'aérodrome d’Issy-les-Moulineaux.

Il était près de 5 heures du matin et les frimas de novembre saisissaient les corps à l'orée de L'aurore. L'endroit était presque désert. Désiré se dressait fièrement devant la grande porte rouillée.
- Voilà ! C'est là que je garde ma Germaine ! Vous allez voir elle est splendide.
- Mais monsieur Augié, que faisons-nous là ? Vous aviez dit que vous aviez un moyen pour que l'on retrouve le professeur.
- Un peu mon gars ! Et c'est Désiré. Ou Poilu! Les « messieurs » c'est pour les vieillards. Pas de c
hichi.

Il ouvrit la porte et alluma la lumière électrique qui illumina l'intérieur. Les yeux piqués par la soudaine intensité lumineuse, les deux jeunes gens voyaient se déployer sous leurs yeux un ensemble de métal de 3 mètres de haut sur dix mètres de long. Cuivre et acier se mêlaient dans un déluge de métal orné de boulons. Une grande vitre à l'avant permettait de distinguer un intérieur spartiate semblable à une cale de navire. La plus grande partie était constituée d’un squelette métallique retenant un ballon en forme de cigare, dégonflé.

- Je vous présente Germaine, mon zeppelin ! Elle va nous mener tout droit vers votre château. J'ai tout construit moi-même. J'avais prévu d'emmener Léontine faire le tour de l'Europe une fois qu'on aurait mis assez d'argent de côté. La maladie l'a emporté avant que nous soyons prêts.

Il enleva sa casquette et la posa contre son cœur et baissa la tête, la mine sombre. Les deux jeunes gens ne sachant trop que faire se regardèrent l'air gêné attendant que Désiré sorte de sa torpeur. Au bout d’une minute, il remit sa casquette, la vissa sur son crâne et frappa dans ses mains.

- Bon! Je vais devoir ouvrir l'hydrogène pour remplir le ballon et préparer la chaudière du propulseur. Ça va prendre un moment donc, une fois que vous m'aurez aidé à sortir le matériel vous allez au café de la Marne, à deux rues d'ici. Cette brave Lucienne a dû ouvrir pour servir son jus de chaussette aux ouvriers devant aller à l'usine.
- Pardon ? Que vient faire cette Lucienne dans cette histoire ?
- Oh c'est très simple, vous allez manger un morceau et vous détendre au chaud. Il va falloir deux heures pour préparer Germaine et le voyage jusqu'en Ardèche va être long. Vous irez de ma part voir Lucienne et vous lui expliquerez la situation. Demandez des vivres et des couvertures pour supporter le froid. C'est que ça piq
ue là-haut !

Fiona et Émilien obéirent sans broncher. Après quelques pas dans la pénombre à peine repoussée par les rares lampadaires à gaz du quartier ils trouvèrent le café de la Marne. C'était un troquet typique des quartiers ouvriers. Un établissement situé dans l'angle de rues larges, mais peu entretenues. Au loin, les fumées des usines commençaient à emplir l’atmosphère et quelques ombres circulaient dans les rues pour attaquer une rude journée de labeur. Timidement, les deux jeunes gens s'approchèrent du café où une forte femme coiffée d'un chignon et portant un tablier sous une robe bleu marine ouvrait les volets de son bistrot d'où s'échappait le fumet du café chaud.

- Ah ben ça ! Bien le bonjour m'sieur-dame, que me vaut l'honneur de votre visite ? Vous êtes perdus ?
- Euh bonjour madame. Seriez-vous la dénommée Lucienne ?
- Si fait mon brave monsi
eur, si fait.
Fiona prit la parole : -voilà... Hum... Nous venons de la part de monsieur Augié.
- Connaît pas, c'est qui donc ?

Fiona tira sur la manche de son compagnon. Ils perdaient visiblement leur temps.
- Ah !? Désolé du dérangement, mais Désiré nous avait pourtant recommandés à vous. Il...
- Désiré? Un beau gaillard fringant avec une belle moustache grisonnante et une casquette sur la tête ? Celui qui bichonne son engin depuis des années à l'aérodrome ?
- Euh oui...
- Il fallait le dire tout de suite mes enfants ! Entrez donc ! Vous allez l'air pâlichon, bon il faut dire qu'on n’est pas habitué à voir des gens comme vous par ici. Enfin je veux dire des gens de la haute. Dans les parages qu'il soit moricaud, Corse ou bien Chtimi l'ouvrier a la gueule noire à cause du charbon et de la fumée des usines. Sans parler de votre allure... Mais laissons ça vous devez être transis de froid. Venez vous réchauffer et avaler quelque chose pour vous ragaill
ardir.

Quelques minutes suffirent pour que Fiona et Émilien se retrouvent face à face autour d'une table en bois ornée d’œufs à la coque, de pain et d'un jus noirâtre et fumant dans un pot. Ne sachant que dire, ils fixèrent la table un long moment, l'air pensif à se demander qu'est-ce qui avait bien pu les amener si tôt le matin dans ce café empli d'êtres fourbus et crasseux en quête d'un instant de repos avant d'aller s'échiner a l'usine. C'est Fiona qui brisa le silence.

- Émilien, ce monsieur Désiré… Vous lui faites confiance ?
- Que voulez-vous
dire ?
- Je veux dire qu’elles sont ces intentions ? Pourquoi nous aide-t-il? Il espère une récompense ?
- Je ne crois pas. Il aurait très bien pu me laisser à mon sort quand je fus attaqué. Ces hommes ne plaisantaient pas, j'aurais très bien pu trépasser. Il m'a sauvé! Je pense que c'est juste une âme honnête et aimable comme tout bon chrétien.
- Oh ne soyez pas si naïf ! Personne n'agit sans arrière-pensée. Gardez vos idées d'altruisme et de charité pour les autres. Il attend sans doute quelque chose en retour.
- Euh... Si vous le dites. Mais je crois en la sincérité de cet homme. Et même si je me trompais, il nous aura aidés.
- Êtes-vous sûr que vous saurez retrouver l
e chemin du château d’Arjas?
- Je ne sais pas, sans doute. Avec le professeur nous avions prévu de partir visiter ces ruines pour corroborer nos recherches. Mais je ne sais pas si j'en serais capable.

La jeune fille prit la main gantée de son compagnon. Surpris par ce geste intime imprévu, ce dernier devint rouge d'émotion.

- Oh allons Émilien! Vous vous sous-estimez. Père a toujours reconnu en vous un esprit vif et brillant. Il me le disait souvent. Même si j'imagine que son caractère bougon devait vous empêcher de constater son admiration pour l'aide précieuse que vous lui apportez. Je suis certain que vous nous guiderez sans difficulté.
- Oui... euh.... Merci mademoiselle...
- Je vous en prie, appe
lez-moi Fiona.

Ému et quelque peu embarrassé, Émilien baissa la tête pour que Fiona ne le voie pas rougir. Le silence s’éternisa. Tout à coup, Lucienne arriva avec des paniers chargés au-delà du raisonnable.

- Voilà des paniers de provisions et des couvertures pour supporter le froid durant votre voyage. Vous direz à Désiré que je mets ça sur son ardoise et qu'elle commence à être importante. Mais il n'a qu'un mot à dire et c'est effacé.
- Un mot à dire ? Demanda Fiona.
- Oui il n'a qu'à m'épouser et venir s'installer ici pour m'aider à tenir le café.
- Une femme qui demande un homme en mariage, ce n'est pas banal ! Dit Fiona, l’air intrigué.
- Oh vous savez ma jolie, les hommes ne sont pas tous pleins d'entrain et d'initiative. Parfois, ces empotés ont besoin qu'on les pousse un peu à se déclarer. Si vous voyez c
e que je veux dire...

Elle fit un clin d'œil et désigna Émilien du regard. Ce dernier totalement contrit ne savait plus où se mettre.
Fiona sourit devant la scène et interrogea la brave femme.

- Mais et l'amour ? On ne peut pas exiger à quelqu'un de vivre avec vous si les sentiments ne sont pas partagés ?
- D'abord l'amour c'est pour les contes de fées, ça fait peut-être rêver votre petit cœur de midinette, mais cela ne dure pas. La passion s'envole vite et la tendresse prend le relais. Mais Monsieur Poilu ne pense qu'à sa Léontine. C'est pas un fantôme qui lui fera des bons petits plats et le réchauffera sous les draps les soirs d'hiver. Et puis de l'amour j'en ai suffisamment pour deux !
- Elle est morte il y a longtemps ?
- 5 ans, peu de temps après son retour de la guerre. Une saleté de tuberculose. La pauvre...
- LA guerre? Monsieu
r Augié était soldat ?
- Oh ça oui! Sergent au 2e régiment aéronaval. Il a ramené des médailles pour bravoure et tout le toutim. Il a sauvé la vie de pas mal de monde grâce à ses talents de pilote. Un vrai héros de guerre comme sur les affiches.

En entendant ces mots, Émilien reprit du poil de la bête.
- Vous voyez Fiona ! Un héros, un patriote ! Nous sommes entre de bonnes mains !
- Sans aucun doute. Maintenant, il est temps d'y aller, tout doit êtr
e prêt.

Avant de les laisser repartir, Lucienne les embrassa comme s'il s'agissait de ses enfants.
- Prenez soin de vous et écoutez bien cette tête de mule de Désiré. Sous ses airs de vieil ours se cache un cœur d'or.

Fiona la serra spontanément contre elle.
- Merci ma bonne Lucienne. Merci pour tout.

- De rien, et toi jeune homme prend un peu d'assurance. Les jolies filles ne tombent pas toutes cuites dans les bras des timorés.
Incapable du moindre mot Émilien se contenta d'acquiescer tandis que Fiona gloussa, amusée.

La suite demain, même heure, même endroit.

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